dimanche 11 mars 2007

L'alyah de France est-elle marginale ou massive ?

Dans une interview sur France Inter l'an dernier, Roger Cukierman, le président du CRIF, estimait au sujet de l'alyah des Juifs de France que "3000 personnes qui s'en vont, c'est 0,5 % de la population juive. Donc, il ne faut pas exagérer le phénomène."
Une étude de l'AUJF (Appel Unifié Juif de France - un des principaux organismes de la communauté juive française) de 2002 évalue le nombre de Juifs en France à 500,000 contre 520,000 en 1988, et 535,000 en 1980. D'autres estimations tendent plutôt vers 600,000. Donc, 3,000 personnes par an représentent effectivement 0,5 à 0,6% de la population juive. Ca parait peu. Mais c'est 0,5% *chaque année*. A l'échelle de la France, cela équivaudrait à 350,000 personnes quittant définitivement le pays tous les ans. Personne ne l'interpréterait comme un phénomène marginal.
Surtout que les Olim (immigrants en Israël) sont plutôt jeunes et qualifiés. Depuis 2000, c'est plus de 15,000 Français qui ont immigré officiellement en Israël, portant le nombre total à au moins 80,000. Cela n'inclue pas tous ceux qui partent en Israël en possédant déjà, pour une raison ou une autre, la citoyenneté israélienne (plusieurs centaines de personnes chaque année) ; ceux, de plus en plus nombreux, qui viennent en Israël sans prendre la citoyenneté israélienne ; ni la nouvelle tendance de ceux qui vivent et travaillent entre les deux pays. Et bien évidemment, nous ne parlons pas ici des Juifs français qui partent pour le Canada, les USA, l'Angleterre ou d'autres destinations - plusieurs centaines à plusieurs milliers chaque année.
Donc M. Cukierman ferait bien de s'inquiéter. Les forces vives et jeunes de sa communauté quittent la France et le phénomène ne parait pas ralentir, encore qu'une victoire de Sarkozy pourrait dans un premier temps donner l'espoir d'une amélioration de la situation en France et inciter certains à retarder leur départ.

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