La question démographique est depuis l'origine au cœur du conflit israélo-arabe. Les Israéliens ont souvent eu et ont encore l'impression d'être une petite ile de 5 millions de Juifs face à 300 millions d'Arabes - ou un milliard de musulmans depuis que le conflit s'est fait plus religieux. Cependant, ces masses de centaines de millions de personnes n'ont jamais été qu'une menace virtuelle - elles ne vont pas débarquer aux frontières d'Israël pour l'envahir.
Par contre, la question devient nettement plus concrète dans le cas des Palestiniens et des Arabes israéliens. Le danger qu'ils deviennent une majorité sur la Terre d'Israël ou à l'intérieur de l'Etat d'Israël a motivé certaines décisions politiques majeures - comme le désengagement de Gaza.
Commençons donc par la question palestinienne:
Après la faillite des Accords d'Oslo en 2000, la gauche israélienne a abandonné la thèse de "la Terre contre la Paix" pour "la Terre contre la sauvegarde de l'identité juive d'Israël".
L'idée est simple: les Arabes sur
A long terme, cela transformerait Israël en Etat d'apartheid ou bi-national, ce qui est intolérable dans les deux cas. Il faut donc abandonner les territoires pour sauver Israël. C'est, officiellement, cette argumentation qui a convaincu Ariel Sharon et l'aile gauche du Likoud de mener le plan de désengagement de Gaza.
Le problème n'est pas seulement que cette argumentation additionne des pommes et des poires (les Arabes israéliens et les Palestiniens des territoires), mais surtout qu'elle soit fondée sur des données erronées !
En 2005, un groupe de chercheurs israélo-americains a publié une étude selon laquelle il n'y avait pas 3,8 millions de Palestiniens dans les territoires, mais ... 2,4 millions, et que le rapport entre Juifs et Arabes sur la Terre d'Israël était stable depuis 1967 aux alentours de 60%-40%. En fait, d'après eux, le temps joue en faveur des Juifs - la natalité arabe baisse, et l'émigration est forte. La polémique fut largement diffusée dans le journal Haaretz et même si toutes les conclusions de cette étude n'ont pas été acceptées par tous, certains points ont été reconnus par les Palestiniens eux-mêmes, comme le fait que les 3,8 millions comptés par les statistiques palestiniennes incluaient plus de 300,000 Arabes israéliens qui finissaient donc comptés deux fois.
D'autres estimations, comme celles de l'armée israélienne ou du démographe Arnon Sofer, évaluent la population palestinienne aux alentours de 2,8-3 millions.
Dans tous les cas, aujourd'hui Gaza n'est plus sous domination israélienne et la menace démographique palestinienne a largement disparu du discours publique - alors que la question des Arabes israéliens est passée sur le devant de la scène.
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