vendredi 9 mars 2007

La menace démographique: 3. Les Juifs ultra-orthodoxes

Si les Arabes menacent directement le caractère juif d'Israël, pour la partie la plus laïque de la population israélienne, les juifs ultra-orthodoxes ou "haredim", menacent eux son caractère démocratique et libéral.
Dans son ensemble, la population juive israélienne, même religieuse, est majoritairement scandalisée par l'exemption de service militaire dont bénéficient les étudiants en Yeshiva depuis 1948. A l'époque ils n'étaient que 200, mais aujourd'hui ils sont plus de 50,000 et plus de 10% des conscrits potentiels de 18 ans. A cela se rajoute le fait que, ne travaillant pas, ils vivent dans la pauvreté, essentiellement de subventions et d'allocations, et ne participent pas à l'effort productif du pays. Aussi, si rien de change, plus ils représenteront une part importante de la population, plus l'équilibre économique et défensif du pays sera menacé.

Les estimations statistiques sont relativement compliquées dans ce cas. On peut naitre haredi mais quitter ce monde plus tard, ou au contraire, revenir en "tshuva" en venant du monde le plus athée et devenir ultra-orthodoxe. Jusqu'aux années 70, le monde haredi perdait une part non négligeable de ses ouailles au monde laïc. Une étude américaine des années 50 montrait que sur 5 enfants d'une famille orthodoxe, un seul suivait cette voie une fois adulte. Mais depuis, la situation s'est inversée. Le nombre de ceux qui deviennent religieux est apparemment supérieur à celui de ceux qui font le chemin inverse, en Israël comme en diaspora.

On estime aujourd'hui que 12% de la population juive Israël est ultra-orthodoxe, tous courants inclus (Hassidim, Lithuaniens, Séfarades) contre plus de 15% de religieux sionistes et encore 30% de traditionalistes (semi-pratiquants) - essentiellement séfarades. Le taux de fécondité des femmes ultra-orthodoxes dépasse 6 enfants par femme et a même augmenté, cas unique dans le monde entier, depuis les annees 80.

La progression de la population ultra-orthodoxe est assez nettement illustrée par la répartition des élèves dans les réseaux scolaires. Les écoles sont réparties entre écoles hébraiques et écoles arabes. Les écoles hébraiques se divisent entre "étatiques", "étatiques-religieuses", et indépendantes, c-a-d ultra-orthodoxes. En 1985, 75% des élèves juifs étudiaient dans le système étatique, 20% dans l'étatique-religieux, et 5% dans les écoles ultra-orthodoxes.
En 2005, les chiffres étaient respectivement de 60%, 20% et 20%. En 2015, la part des élèves dans le système étatique sera tombée a 50% seulement - ce qui est déjà le cas en maternelle.

La situation actuelle devient donc intenable. Dans 15 ans au plus tard, 20% des recrues potentielles de l'armée seront des étudiants en yeshiva et donc automatiquement exemptés. L'économie du pays ne pourra pas non plus soutenir une population aussi importante qui ne travaille pas, ou qui, manquant d'éducation générale, ne peut faire que des petits boulots.
Il y a une certaine prise de conscience dans le public ultra-orthodoxe lui-même. Les femmes travaillent de plus en plus, notamment dans la high tech ; les coupes dans les allocations poussent aussi de plus en plus d'hommes a travailler. Mais il faudra des changements plus profonds pour que la situation soit vivable à long terme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Good words.